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Marc Villemain
26 avril 2007

THEATRE : Michaël Lonsdale et Patrick Scheyder - Le rêve

Micha_l_LonsdaleAprès tout, nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous-mêmes (enfin, surtout à moi...) : plutôt que de laisser notre oreille sagement collée à France Inter afin d'y entendre les premiers résultats et tirer in vivo les enseignements du premier tour des présidentielles, nous avons choisi de faire preuve d'une coupable distance et de ne pas accorder une miette aux fauves. Il y aurait donc une justice en ce bas monde politique : elle fut payée au prix fort. Nous avons bien ri, toutefois, et ce fut irrépressible (n'est-ce pas, M. ?), ce soir du 22 avril...

Que voulez-vous : j'adore Michaël Lonsdale. Ses airs d'affreux mystique, ses oeillades de loup-garou, sa dégaine célinienne, absente au monde, lointainement féroce, ce géant démantibulé qui, n'était son masque de bon grand-père un peu las de la vie, ferait trembler n'importe quel enfant. J'avoue pourtant que, ce soir, le mouvement instinctif et premier de l'admiration a trouvé à qui parler. D'accord, j'aurais dû me méfier du titre : "Le rêve - Un spectacle musique, théâtre et création végétale". J'ai préféré y voir de l'ironie - et c'en fut bien dépourvu. Et puis on nous promettait des lectures de Musset, de Sand, de Breton, d'Artaud, Apollinaire - et de Duras ! alors j'ai pensé à vous... Et des poèmes de Tardieu, souvenir de mon oral du bac, il y a... si longtemps. Je ne connaissais pas le pianiste, Patrick Scheyder, mais on annonçait Schubert, Liszt, Chopin - pauvre Chopin, liquéfié en sirop sous la pédale. J'avais pensé que... eh bien j'avais mal pensé ; c'était nul, voilà tout. Ce n'est pas très gentil de le dire ainsi (je vous ai dit : j'adore Lonsdale), mais c'est la vérité, c'est pas facile.

Patrick_ScheyderOn l'a vu arriver de loin, de la terrasse du café où nous attendions notre heure (et elle viendra), un peu hagard, traînant son pas monacal sur le bitume des hommes. Eh bien c'est ainsi qu'il s'est présenté, trente minutes plus tard, dans son habit de ville, le pantalon taché, les godasses un peu minables. En fait, il n'était pas sur scène - et nous non plus. Il n'a fait que faire ce qu'il fait sans doute chez lui, lire à voix haute quelques textes qu'il aime - et dont il s'est dit, ici, qu'ils avaient peut-être, à bien y regarder, peu ou prou, un lointain rapport avec le rêve. Lecture improbable d'ailleurs, hésitante, incertaine, oublieuse, butant sur les mots, interrompant les phrases ; lecture inutile. Et l'air inspiré du pianiste, derrière, cheveux longs sur calvitie, l'oeil surjouant sa poésie éthérée, posture lourde, théâtrale, fausse inspiration. Ah, quel dommage ! Avec ce physique, cette voix de flûte des cavernes, ce mysticisme hagard et prophétique qu'il balade avec son ombre, Lonsdale avait tout ce qu'il faut pour redonner à ces textes leur profondeur historique, leur éclat littéraire. Il ne parvint, hélas, qu'à nous faire rire sous cape. Vous, réprimant à grand peine votre pépiement atterré, moi prenant l'air affecté de celui que ne veut en rien troubler l'artiste, et lui, donc, assis sur sa chaise, inaccessible, spasmodique, nous soutirant par moments un peu de notre instinctive compassion. Bon, moi je le trouve touchant malgré tout : j'ai entendu le chant d'un cygne. Mais j'avoue que cela ne fait un spectacle.

Au moins il faisait bon, sur la petite scène du théâtre noir, les gerbes d'arômes et de roses jonchant le sol - et pour certaines défraîchissant ou s'écroulant lentement. Lonsdale se lève, contourne le piano, se glisse derrière lui, on n'aperçoit plus que le haut de son buste, et sa grosse tête perdue dans les feuillages (la mise en scène "végétale"). Lentement, très lentement, mais il est sans doute authentique, tant nous n'existons pas pour lui ce soir, tant il n'est que ce qu'il est, il lève le bras droit, tend la main vers la feuillaison, entreprend de caresser une pauvre et vieille feuille jaunie, à la humer, peut-être cherchant lui-même à rejoindre la nature. Tout est stoïque chez lui, sans expression, abattu ou mort. Et puis, tout à coup, une petite saillie, une humeur, un petit hochet suraigu, une tirade de faussaire, une réminiscence fluette. C'est drôle, excessif, puis ça retombe. La litanie reprend. Retour à l'extinction, du visage, des traits, de la voix, abattement, et à nouveau, voûté sous la voûture des feuillages. Le spectacle prend fin, Lonsdale retrouve le sourire, et on retrouve, nous, le bon vieux grand-père un peu las de la vie, une malice enfantine toutefois, et il nous sourit vraiment, et devant lui on passe à la queue leu-leu, et il nous offre, à chacun, à tous, en plus du petit mot aimable, une rose, un arôme, un sourire. Tout le monde s'en va. Je pense qu'il ne se change pas, il repart, lui aussi, comme il est venu j'imagine, il est sorti de chez lui, c'est déjà beaucoup. Et il emmène avec lui l'indicible, l'indiscernable, cette tête étrange faite d'étrangetés visionnaires ou mystiques - il y a, je persiste à le penser, du Artaud dans ce cerveau. Et nous, nous partons retrouver la terre des hommes. Qui a gagné, au fait ?

25 avril 2007

Le pouvoir rend fou


Je m'étais pourtant juré de ne pas y revenir, et de ne plus évoquer cette campagne...

Hier en fin d'après-midi, vers 18 heures, Jean-Luc Mélenchon fait savoir qu'il quittera le parti socialiste en cas d'alliance avec l'UDF. Trois heures plus tard à peu près, lors d'un meeting à Montpellier, Ségolène Royal invite les électeurs de François Bayrou à construire autour d'elle une France "arc-en-ciel", avant de déclarer aux journalistes que, "bien sûr", elle prévoit d'intégrer des ministres UDF dans son futur gouvernement. Dans la salle du meeting, discret mais accompagné de quelques amis, Georges Frèche rayonne, bien que dénoncé comme raciste et conséquemment exclu du parti socialiste trois mois auparavant. L'impératif de cohérence n'étant que de peu d'importance dans cette campagne électorale, Ségolène Royal, acclamée pour son ouverture au centre qualifiée quarante-huit heures plus tôt "d'immorale" par Jack Lang (qui y voyait de quoi justifier l'exclusion de Michel Rocard), "d'inadmissible" par Pierre Mauroy, de "mystification" par Lionel Jospin, et "d'alliance de circonstance" par François Hollande, déclenchait concurremment une standing ovation en remerciant "du fond du coeur" l'extrême-gauche, et spécialement Arlette Laguillier. Comprenne qui pourra.

Admettons que j'admire la performance, pour faire plaisir aux petits Machiavel qui pullulent dans les réunions de section. Mais comment peut-on proclamer l'urgence de la rénovation politique et injurier de la sorte plusieurs millions d'électeurs ? Ceux qui ont voté pour Ségolène Royal, arguant à qui mieux-mieux que François Bayrou était "de droite" et qu'à ce titre jamais aucune alliance ne serait envisageable ? (et comment font-ils, au passage, victimes d'aveuglement, de schizophrénie ou de cynisme, pour, dans le même temps, applaudir à "l'ouverture" au centre et acclamer Arlette Laguillier ?). Ceux encore qui ont voté pour François Bayrou, que l'on a montrés du doigt comme "complices de Sarkozy" et qui se découvrent aujourd'hui tant de nouveaux amis, qui tous assurent partager exactement les mêmes valeurs qu'eux ? Et comment feront-ils pour voter, ceux qui refusaient d'avoir à choisir entre Bayrou et Sarkozy, maintenant que Royal a promis des ministres bayrouistes ?

Au-delà de la très relative crédibilité et authenticité de cette démarche d'ouverture, ce qui frappe est donc et d'abord sa parfaite indécence. Or cette indécence a une origine : ce qui meut le parti socialiste, au fond, et nonobstant la sincérité initiale des engagements individuels, c'est la seule conquête du pouvoir. Le PS, depuis 1981, ne se vit plus que comme un parti de gouvernement - il n'est d'ailleurs pas un parti d'élus pour rien. Seule importe la victoire de leur étiquette - et tant pis si le sens y perd des plumes, si la doctrine change au gré du vent ou des humeurs, s'il faut tordre le cou à Jaurès, aux électeurs ou aux engagements de campagne, ou s'il faut ajourner encore le questionnement sur le monde, et sur soi.

24 avril 2007

Gouverner, c'est effacer


Le dimanche 24 septembre 2000, le monde politique et médiatique est en émoi : Dominique Strauss-Kahn aurait été en possession de la "cassette Méry", du nom de ce promoteur immobilier, décédé quelques mois plus tôt, qui, dans une cassette vidéo, confessait tout ce qu'il savait du financement du RPR. La cassette est depuis passée à la postérité, et on dit qu'elle faillit faire chuter la république : il y avait du boulangisme dans l'air. Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l'Economie et des Finances, vit un grand nombre de ses amis socialistes prendre la tangente et quitter le navire, fût-ce à reculons. L'une de ces dits amis, aujourd'hui candidate à la présidence, réagit immédiatement en alléguant que, "en politique, on est là pour servir, pas pour se servir". D'autres faisaient état de leur "nausée", dénonçaient les "turpitudes" du camarade DSK, l'accusaient de "polluer la vie publique", philosophaient en considérant que "les gens bêtes ont des réflexes quand les gens intelligents ont tendance à faire les malins", d'aucuns allant jusqu'à évoquer la Haute-Cour de Justice. Foin de présomption d'innocence, foin du moindre début d'enquête, courage fuyons, et sauvons nos têtes. Nous fûmes quelques-uns, à la demande de Dominique Strauss-Kahn, à tenir la liste noire de ces amis défectueux. Et puis le temps passa, la "nausée" s'estompa, les amis revinrent, le plus souvent la queue entre les jambes, et la "vie politique" reprit ses droits. Dominique Strauss-Kahn, pour continuer, devait passer l'éponge, effacer.

Depuis avant-hier, nous sommes entrés dans le deuxième temps de l'élection présidentielle. J'allais dire du deuxième round, tant la confrontation politique a désormais des allures de compétition sportive, tropisme largement relayé par des médias qui ne considèrent plus la dispute entre Royal et Sarkozy que comme une "finale". Mais passons. Deux mois durant, les principaux appareils politiques se sont coalisés contre François Bayrou en faisant preuve à son égard de mépris, quand ce n'est pas d'arrogance. L'un parlait de lui comme de "la caricature du cynisme et de l'opportunisme", l'une déclarait qu'il était "une forme d'imposture" - elle lui a laissé hier un message sur son téléphone portable "par simple politesse", quand l'autre tentait de le joindre pour le féliciter de son bon score. Soudain, comme par enchantement, François Bayrou, qualifié deux mois durant d'homme de droite ou d'homme de gauche, c'est selon, se retrouve dans la position de celui avec qui on pourrait, sans déplaisir, "construire des convergences autour d'une volonté de rénovation". La démarche est "sans arrière-pensée et sans a priori", mais cela va de soi.

N'épiloguons pas davantage, et ne nous faisons pas plus naïfs que nous le sommes. Je ne m'attendais pas à autre chose. N'empêche : quoique prévu, ce revirement, que dis-je, ce reniement, cette cabriole, cette palinodie, sont pour le moins renversants, et non dénués d'indignité. Mais quelle importance, puisque le politique, très largement secondé par le zapping médiatique, peut amplement compter sur l'oubli, le bon peuple se trouvant noyé sous la masse des informations, des commentaires et des ouvertures de JT. Celui dont on a dit, non sans aplomb, et avec l'autorité de l'argument définitif, qu'il ne pouvait pas être un allié puisqu'il avait toujours été "de droite", se retrouve le lendemain dans le rôle désirable du magnifique allié qui "partage nos valeurs" ("pas toutes", concède toutefois Jean-Pierre Chevènement). Parce qu'il l'avait exprimé quelques jours trop tôt, Jack Lang a, de manière sibylline, suggéré l'exclusion de Michel Rocard.

Mon souci de ne pas laisser la France entre les mains de Nicolas Sarkozy me conduira à un vote sans surprise. Mais tout de même, les militant socialistes ne se sentent-ils pas injuriés ? Comment s'y retrouvent-ils, ceux qui ont tenu la ligne pendant deux mois (à gauche toute ! Bayrou/UMP même combat !), et qui doivent maintenant, sur les marchés, à la sortie des métros, au zinc des bistrots de France, expliquer désormais que Bayrou et la gauche, c'est (quasiment) la même chose ? Que nos programmes sont très proches ? Que nos valeurs sont communes ? Que nous avons la même vision des questions sociales ? Environnementales ? Européennes ? Comment vont-ils faire ? Ils vont effacer. A leur charge, ensuite, d'accepter que leurs paroles d'hier ne les engageaient guère, qu'elles n'étaient que spectacle, élément du jeu, folklore. C'est la triste leçon que connaît tout militant : s'il veut gouverner, il lui faut accepter d'effacer - ce qu'il fut, ce qu'il dit, ce qu'il professa, ce qu'il fit semblant d'être.

17 avril 2007

Situation de Calaferte

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Je reviendrai plus longuement, dans le prochain numéro du Magazine des Livres, sur "Situation - Carnets XIII - 1991" de Louis Calaferte (éditions L'arpenteur). Je me contente pour aujourd'hui de quelques mots qui résonnent assez bien dans cette période, qu'étrangement l'on dit "d'élection"...

- L'exhibition du spectacle - en vue d'un irréel recomposé selon des directions de vraisemblance.

- L'une des caractéristiques de la violence est d'être vulgaire. C'est sa nature même, puisque, s'exerçant dans le langage, elle le corrompt.

- On ne peut avec ces intelligences que donner des leçons ou se taire.

- Il voit grand et pense petit.

- Il faut aimer la liberté dans ce qu'elle a d'imprécis, de fantaisiste, d'irréfléchi - et savoir que les choses finissent immanquablement par se mettre en place.

13 avril 2007

Enfin !

Enfin une parole forte et sensée dans cette détestable campagne électorale : celle de Michel Rocard, dans Le Monde, appelant à un accord, sans plus attendre, entre Ségolène Royal et François Bayrou.

Une victoire de Nicolas Sarkozy, sur les thèmes et propositions de Jean-Marie Le Pen, comme tout semble devoir l'annoncer, nous n'aurons plus, en effet, "aucune excuse".

11 avril 2007

Quand le coq déchante

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Que dira l'histoire de ce temps électoral ? Que diront les livres d'histoire, les manuels scolaires ? Impossible de ne pas se poser la question avant de voter : l'épiderme national est à vif, la société hystérisée, et de ce chaos permanent rien de bon ne peut sortir. Je suppose qu'on nous regarde,
d'Europe ou d'ailleurs, avec des yeux un peu éberlués (si tant est qu'on nous regarde.) Nous faisons comme si le monde et l'Europe n'existaient pas, comme si le Mur de Berlin n'était pas tombé, comme si la Chine dormait encore, comme si la Russie avait fait sa mue démocratique, comme si le progrès technique pouvait suffire à résoudre ou même à apaiser les angoisses de l'humanité, comme si nos arts et notre culture évoquaient encore quelque chose à qui que ce soit, comme si la France était encore un phare. La vérité est que nous menons une campagne provinciale dans un monde auquel nous opposons chaque jour une protestation de déni. Nous nous offrons à bien des désenchantements, mais nous le faisons avec notre gouaille légendaire, fiers de notre mauvaise humeur et de nos ergots arcboutés. Nous mettons le monde en slogans et daignons à peine porter un regard sur notre continent. La réconciliation avec nous-mêmes ne nous intéresse pas : seuls nous fascinent le goût du sang et l'odeur de la poudre - celle qui explose sur les plateaux d'une télévision acquise aux ordres du marché et dans les colonnes de journaux que passionne la philosophie politique de tel ou tel chansonnier. Nous voudrions pouvoir sauter en marche du train de l'histoire, mais nul ne le peut. Alors nous continuons à aller de l'avant, sans rien entrevoir de notre destination.

4 avril 2007

Marty Friedman au Trabendo : mortel ! (comme on le dirait de l'ennui)

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l semble que les queues de cheval eighties qui aimèrent en leur temps ce navet culte que fut Top Gun se soient données rendez-vous hier soir au Trabendo, à la Villette. Y était annoncé Marty Friedman, guitariste américain tombé dans la guitare après avoir passé sa jeunesse à écouter Kiss et les Ramones - et avant de connaître le succès quasi planétaire avec Megadeth. Eh bien ce fut très, mais vraiment très ennuyeux. Les quelques amateurs de guitare qui, bouche bée au premier rang, tentaient de relever quelques accords ou positions, devraient passer à autre chose : décidément, Friedman n'est pas le Coltrane de la guitare heavy. Je suis un peu sévère, mais deux petites heures en sa compagnie suffisent à constater qu'il n'a rigoureusement rien inventé. Quant à ceux
(c'est un peu mon cas...) qui avaient juste envie de regarder cinq doigts descendre le manche d'une six cordes à la vitesse de la lumière et d'en prendre plein la poire, ils peuvent également trouver motif à déception. Ce qui manque le plus à ce guitariste (dont je ne voudrais tout de même pas laissé entendre qu'il n'a pas de talent, car il a indiscutablement une technique et une oreille), c'est l'inventivité. Celle de son jeu comme celle de sa musique, qui s'avère très convenue - globalement, un mélange de vieux rock hyper-speedé et d'harmonies sirupeuses dont on se dit qu'elles auraient pu faire la bande-son de Deux flics à Miami ou de Dawson.

Outre que le beau Marty est un peu agaçant, genre petit teigneux prétentieux qui jette son médiator au public chéri après chaque solo et ponctue toutes ses phrases d'un all right compulsif, sa musique est aussi lourde qu'une plaquette de beurre distillant ses graisses dans un kouglov - bon, d'accord, je sacrifie un peu au plaisir du bon mot. A sa décharge, il faut dire qu'il prend le risque d'un genre assez peu usitée dans le heavy : l'instrumental. Or il faut pour cela ne pas tomber dans le piège qui consiste à jouer le thème à la guitare comme s'il était chanté, sauf à ce que le thème soit particulièrement inspiré, ce qu'il est rarement ici. Il y a certes quelques bons moments, quand Friedman lâche un peu son jeu et allège une musique dont la caractéristique principale est tout de même d'être très excessivement carrée, ne laissant pour ainsi dire aucune place à l'aléa de la liberté. Il est heureusement soutenu par le second guitariste (Ron Jarzombek), moins connu, plus réservé, mais au jeu très appréciable, aussi vif et précis que celui de la star. Pour ce qui est des autres, mon vieux complice Lionel, qui s'acharne, non sans un certain sens du sacrifice, à m'accompagner dans mes errances metalleuses, me fit remarquer que le bassiste (dont l'instrument semble être doté de deux cordes superflues) a l'air d'avoir été croisé avec un bouledogue. Quant au batteur, dont les tatouages font office de tee-shirt, il joue exactement comme le ferait un métronome : c'est une enclume qui aime le bruit (les fûts), et assez peu la finesse (les cymbales).

Je le disais, la musique exclusivement instrumentale est un défi pour les musiciens de metal. Ne parviennent à le relever que ceux dont la culture est plus large sans doute que celle de Marty Friedman et qui se sont ouverts à d'autres horizons que le seul rock US. On peut penser ici à ce vétéran qu'est Uli Jon Roth, même si son amour de Vivaldi est parfois un peu écoeurant : au moins est-il sincère, grand musicien, fin compositeur, et n'hésite-t-il pas à sortir des sentiers battus. On peut penser aussi aux longs passages instrumentaux de Dream Theater, parfois un peu tarabiscotés, mais empruntant plus ou moins consciemment à un jazz-rock qui leur permet d'ouvrir largement la palette sonore et de se jouer des registres harmoniques. Toutes choses qui, hélas, font défaut à Marty Friedman, dont nous attendons toujours le grand oeuvre - et au passage la preuve qu'il aime autant la musique que son instrument.

Son nouvel album s'appelle Loudspeaker. Voilà qui convient parfaitement.

3 avril 2007

Vol en vol

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R
ien de plus joli que ces moineaux qui, tournant la tête aux pigeons un peu trop bien nourris du jardin du Luxembourg, saisissent en l'air et dans leur vol la mie que je leur jette.

 

2 avril 2007

La perle du jour


Elle revient à Nicolas Sarkozy, déclarant ce matin : "En ce qui me concerne, je ne suis ni énarque ni agrégé, ça me permet de ne pas être démagogique". Je traduis : "Je n'ai ni formation, ni culture, donc je suis proche des réalités." Ou encore :" Plus vous en savez, moins vous en savez."
Le bon peuple appréciera ce bel élan lyrique qui, en effet, n'a rigoureusement rien de démagogique.
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